Roulez jeunesse !

Les premiers émois, la découverte de l’amour et de la sexualité, le rapport à l’autre… Avec humour, lucidité et tendresse, Roulez jeunesse ! met en scène ces sujets si importants à l’adolescence. Porté par 6 acteurs auxquels le public adolescent s’identifie sans problème, le spectacle tranche avec les discours moroses sur la jeunesse et propose un univers énergique où les histoires de vie se complètent. Le texte de Luc Tartar, les moments dansés, les morceaux de batterie rythment ce spectacle avec lequel une jeune équipe parle d’amour aux adolescents… et à leurs parents !

Texte Luc Tartar
Mise en scène  Marie Normand
Lumières  Stéphane Deschamps
Régie  Emmanuel Pestre
Costumes  Sarah Dupont
Mise en mouvement  Claire Richard
Distribution Ulysse Barbry, Sarah Glond, Martin Lenzoni, Gaëtan Vettier puis Richard Pinto, Apolline Roy, Mali Van Valenberg.

 

par monkeymagik

 

– Ça se dit pas
– Ça se dit pas ça. Ça se dit pas ça. Ça se dit pas ça. Ça se dit pas ça. Ça se dit pas ça… Le sexe on y pense mais on n’en parle pas.
– Pourquoi ?
– Mes parents n’aiment pas ça.
– Ça serait bien les seuls.

Extrait de Roulez jeunesse ! de Luc Tartar,
texte publié aux Editions Lansman.

Partenaires :

Ils ont accueillis Roulez jeunesse!

Création à Scènes Vosges, scène conventionnée pour le Théâtre et la Voix d’Epinal et de Thaon-les-Vosges (88), Théâtre de l’Ephémère, scène conventionnée pour les écritures contemporaines du Mans (66),  Théâtre des Deux Rives de Charenton-le-Pont (94), Saint-Maurice (94), Trait d’Union à Neufchâteau (88), Centre Culturel de Neufchâteau (88), Maison des Arts et des Loisirs de Laon (02), Manège Scène nationale de Reims (51), festival Méli’môme et festival Les Rappels de Coup de Théâtre à Mirecourt (88).

Théâtre de Sens (89), La Passerelle à Rixheim (68), Salle Ernest Lambert à Châtenois (88), Les Coëvrons à Evron (53), Espace culturel Boris Vian scène conventionnée jeune public et adolescents à les Ulis (91), Onyx, scène conventionnée danse à Saint-Herblain (44), OMA à Commercy (55), Maison des Arts et de la Culture, Bischwiller (67), Théâtre Ici et Là à Mancieulles (54)

Théâtre de Privas (07), L’espace Louis Simon à Gaillard (74), L’Espace Rohan à Saverne (67), Festival Compli-cité à Huningue (68), Théâtre Massalia à Marseille (13), Tournée CCAS Edf

Ce qu’en dit la Presse :

Trois filles et trois garçons. On ne sait qui ils sont. Sinon des jeunes d’aujourd’hui. Tous en âge d’amour, en appétit d’amour et en ignorance d’amour. L’auteur, Luc Tartar, les prend et les place dans une série de cas de figures. Les danses des corps et des cœurs n’empruntent jamais le même tempo. Ils sont à deux, ils sont en groupe. Ils sont maladroits, ils paraissent sûrs d’eux-mêmes. Ils parlent à voix basse, ils explosent. Ils chantent, ils swinguent en silence. Ils s’embrassent, ils ne se touchent pas… Finalement, elle est irracontable, la pièce de Luc Tartar qui précise seulement qu’il a conçu ce texte sur les « émois amoureux » pour la compagnie vosgienne joliment intitulée « Rêve général ! » Elle additionne non pas des scènes, mais des ébauches de scènes – qui en disent plus long que des scènes patiemment développées. Tartar saisit le détail qui tue, le détail qui dit tout.

Marie Normand, qui dirige la compagnie et a fait la mise en scène, est quelqu’un dont on réentendra parler. Elle a su associer dans ce carrousel de rencontres sensuelles la pudeur et l’éclat charnel. Ses interprètes sont toujours imbriqués et à distance, serrés et éloignés. Difficile à croire, mais il faut le voir pour en être convaincu et pour glisser sans cesse d’un moment doux à un moment secret, d’un instant songeur à un instant charnel. La musique des discothèques et l’un des acteurs à la batterie (Ulysse Barbry) viennent parfois pousser les corps et le groupe. Mais, là aussi, Marie Normand nimbe les rythmes de sentiments mystérieux.

Les jeunes acteurs échappent au glamour passe-partout. Aucun n’a été fabriqué sur un moule et ne ressemble à l’autre. Mali van Valenberg, Martin Lenzoni, Sarah Glond, Gaëtan Vettier, Ulysse Barbry, Apolline Roy savent se passer des mots et dire les mots. Pour ceux qui ne croient pas à l’émergence d’un jeune théâtre derrière les mastodontes qui occupent la scène depuis belle lurette, voilà l’occasion de repérer une fine équipe, c’est-à-dire une équipe toute en finesse, où les nouvelles générations trouvent déjà sans doute un miroir de leurs états d’âme, captés dans un style tendre et nerveux.

Gilles Costaz, site Webthea, le 19 janvier 2012

 

« Il était une première fois” pourrait servir d’exergue au texte Roulez jeunesse !, réécrit sur mesure à même le corps et la voix des acteurs par Luc Tartar à la demande de Marie Normand, metteur en scène pas beaucoup plus âgée que ses personnages, mais déjà bien expérimentée, côté théâtre, depuis 2006 et la création de sa compagnie Rêve Général !
A-t-on idée du saut dans le vide que représente chaque première fois dont les adolescents sont les héros involontaires, parfois tragiques, souvent comiques, mais à jamais inévitables ? Désir, honte, règles, sexualité, nourriture, fugue, Facebook, intimité, Internet : quel que soit l’angle envisagé, le meilleur conseilleur reste l’expérimentateur lui-même ; l’avis des autres n’étant au mieux que l’écho plus ou moins assourdi de ce que chacun traverse et découvre, bon gré mal gré.
Pour s’approcher de ces seuils en cascade qui jalonnent le passage à l’âge adulte, Marie Normand a fait le vide sur le plateau (une batterie, quelques chaises et c’est tout) et dans le texte, sapant tout bavardage ou facilité de vocabulaire accolée à la jeunesse, pour privilégier le langage des corps, entre élan et retrait, mise à nu et camouflage. Il y a ce qui se dit et ce qui ne se dit pas. Roulez jeunesse ! parle de tout, sans apprêt, mais avec cette énergie de la jeunesse bouillonnante de sensibilité qui parle au cœur et touche au but. Au final, on s’attache à des personnages qui font naître des acteurs et c’est beau !
Fabienne Arvers, Les Inrockuptibles, le 28 mars 2012